Une science vivante est une science qui débat...
La question du lien entre savoirs savants, politiques publiques et pratiques sociales se pose avec une particulière acuité dans toutes les sciences humaines et sociales et tout particulièrement en sciences de l'éducation et de la formation.
La définition des problèmes scientifiques, la construction des faits scientifiques doivent-elles être exclusivement tributaires des demandes politiques, économiques et sociales, par conséquent liées strictement à un horizon d‘attentes sociales ? Sont-elles seulement la résultante de jeux et d’enjeux de pouvoirs ? Comment se construit la légitimité sociale d’une discipline et celle-ci en particulier ? Les résultats produits par les chercheurs en SHS peuvent-ils rétroagir sur les sujets même sur lesquels portent les recherches ? Ou plus largement modifier, infléchir les pratiques sociales à une échelle plus globale (à partir du moment où ces investigations ont une certaine diffusion en terme de vulgarisation) ? Quels sont les liens entre sciences, réflexivité et capacité d’agir (empowerment) dans le domaine de l’éducation et de la formation ? Les connaissances ainsi produites ont-elles une influence sur les politiques publiques ? À tout le moins infléchissent-elles les imaginaires et les capacités de se projeter, individuellement et collectivement, dans un avenir désirable ? Comment articuler une demande sociale forte et l’indispensable légitimité scientifique ? Quid de la reconnaissance sociale ? Comment penser, dans ce contexte, la demande d’expertise en éducation et en formation ? Quelle est la nature des savoirs produits ? Quelles en sont les conséquences ? Est-il dans la fonction de la recherche de conseiller les acteurs en position de pouvoir ? Est-il dans leur fonction de se mettre au service des professionnels du domaine ? Quelles sont les relations qu’établissent (ou non) les différents courants de recherche en sciences de l’éducation ? Comment mieux partager les savoirs produits dans une perspective à la fois scientifique et sociale ?
L’ouvrage codirigé par Christine Delory-Momberger et Béatrice Mabilon-Bonfils dans une collection pilotée par Philippe Meirieu (qui a rédigé la 4ème de couverture), a interrogé beaucoup des grands noms de la discipline d’aujourd’hui (Brigitte Albero, Angela Barthes, Claudine Blanchard-Laville, Bernard Charlot, Marie Duru-Bellat, Alain Jaillet, Martine Janner, Laurent Jeannin, Jean Houssaye, Claude Lessard, Christophe Niewiadomski, Line Numa-Bocage, Éric Plaisance et Richard Wittorski) qui proposent leur analyse. Certains d’entre eux présentent leurs questionnements dans une vidéo. Tout autre chercheur pourra envoyer sa vidéo qu'il ait ou pas participé à l'ouvrage.
Ce site a pour projet d'imaginer les conditions du dialogue entre chercheurs, formateurs, enseignants en créant des espaces « d’intéressement ». Le problème des rapports entre recherche et formation ne peut se poser simplement comme une question de transfert de savoirs mais comme la production d’un espace collectif de confrontation des savoirs et des pratiques et de forums hybrides. Le top-down est inefficient. Il ne suffit pas qu’existent des pratiques de valorisation des savoirs, des lieux réels ou virtuels de ressources, des recherches collaboratives, pour que les professionnels s’en emparent. La formation initiale et continue des professeurs doit être pensée autrement : autour de la production de cet espace d’intéressement où chercheurs et professionnels modifient leurs pratiques. Sans quoi les recherches restent lettre morte, simple mode de validation de la formation initiale des professeurs, sans intérêt pour les intéressés, qui les pensent trop théoriques et décrochées de leurs pratiques. C’est ce que montrent toutes les enquêtes successives. Une communauté ne se décrète pas. Élèves, étudiants, parents d'èlèves pourront se joindre utilement aux débats.
Le site a vocation à ouvrir la discussion : que vous soyez chercheur, professionnel de l'éducation, élève, parent d'élèves, étudiant, vos questions et remarques feront avancer le débat. Dans une forme de délibération commune, chacun pourra proposer des suggestions, proposer des pistes, définir un sous-thème de discussion (le bien-être l'évaluation, l'architecture scolaire, la santé, les inégalités face l’école, les relations École/familles etc., etc.).
Dans une délibération collective, les professionnels, les élèves, les parents pourront y définir leurs besoins et attentes contextualisées : quelles sont les questions vives sur lesquelles ils voudraient des réponses de la recherche ? Charge aux chercheurs de s’en emparer, quitte à les reconfigurer.